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C’est lui qui est cause aussi que Renoul est en ménage.

Avec ses vers, il a mis dans la tête de celui qu’il faisait sauter sur ses genoux, d’avoir une Lisette comme il en avait une.

Je lui en veux moins pour cela.

Cette Lisette est bonne fille. Grâce à elle, nous avons notre salon, avec la gaieté des robes claires qui emplissent la chambre de grâce aux jours d’été et tranchent en bleu ou en rose sur notre rouge sombre.

Nous jouissons de tous les riens qu’une femme éparpille de droite et de gauche de sa main blanche.

Nous avons un moulin à café, des tasses à fleurs, et l’on nous fait même un point à notre habit, quand il y a une déchirure.

Lisette coud aussi de petits drapeaux républicains et nous promet d’être ambulancière s’il y a des blessés.

Encore du Béranger !… les Deux Anges de charité !

N’importe, il me semble que Renoul, aux grands beaux yeux honnêtes, au cœur droit, plein de courage, aurait le langage plus jeune et plus vivant encore, s’il n’avait pas, à dix-sept ans, Lisette, la tabatière et la douillette. Tout cela ramassé dans la houppelande et les poésies de Béranger !


Béranger !

Mon père avait un portefeuille qui en était plein.