C’était au parc aux Moutons, à l’endroit où la police s’est jetée sur la manifestation.
Championnet a vu là une atteinte au droit de parole sous les fenêtres, et s’élançant au-devant du brigadier qui commandait :
« Savez-vous bien ce que vous allez faire ?
— Parfaitement ! » et, se tournant vers les agents, le brigadier leur a dit : « Pilez-moi cet homme-là ! »
On a pilé Championnet.
Je lui demande si le récit est exact ; les serviettes se remuent pour répondre. Il y en a malheureusement une qui se dégomme, Championnet demande par signe qu’on le recolle et paraît décidé à ne plus vouloir essayer de déposer.
Je voudrais savoir pourtant !
Championnet ne peut pas parler.
Veut-il écrire ?
Il écrit en allant de la cave au grenier, avec des airs de somnambule. Les caractères tracés par Championnet en bouillie sont tellement confus à certains moments que je ne puis pas trop démêler les détails. Je me contente donc du gros et du demi-gros.
Il semblerait établi, par quelques balancements de tête de Championnet en réponse à des questions (que je pose d’ailleurs avec la prudence d’un médecin qui ne permet pas au juge d’instruction d’aller trop loin), il semblerait établi qu’on a crié sous la fenêtre d’un monsieur qui n’était pas Michelet, qu’on s’est trompé, et que quand on s’est aperçu de l’erreur il n’en restait plus pour Michelet ; Michelet a eu une petite ovation