Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/95

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il a flairé son temps.

On espère une grosse voix, un geste peuple, une allure d’orateur de carrefour, un Thérésa mâle. On est las de Schneider et de Morny, de Cochonnette et de Caderousse ; la bourgeoisie a plein le dos de l’Empire et veut paraître courageuse contre lui, après l’avoir préparé par sa lâcheté, ses assassinats d’ouvriers, et ses transportations sans jugements.

L’orgueil de la race, son intérêt aussi, la poussent à faire les gros yeux au Bonaparte. Les prunelles de Gambetta, même celle qui a un voile — surtout celle-là ! — lanceront le regard de colère et la lueur de mort qui doivent menacer le pouvoir !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

C’est sa façon de rire au Forum, à ce Laurier qui aime les mystifications féroces et se délecte à ce rôle de Barnum au nez creux, qui sent que le vent est à la paillasserie de l’éloquence.

Car la vulgarité même de Gambetta sert à sa vogue, la banalité de son fonds d’idées est l’engrais de son talent. Cabotin jusqu’au bout des griffes, il ne prend pas une minute de vacances, n’accroche à aucune patère, ni de salon bourgeois, ni de café de noceurs, ni de cabaret louche, son ulster en peau de lion — toujours Dantonesque, même à table, même au lit !