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un journal à vous ! ne cesse de me beugler le gros Villemessant.

C’est bientôt dit ; mais je vais essayer tout de même !

J’y ai consacré six mois — six mois pendant lesquels je n’ai employé mon temps qu’à prendre des consommations ruineuses, dans des endroits luxueux où je faisais des stations de deux heures en guettant les richards, comme jadis, à l’époque de Chassaing, en attendant les sept sous pour le gloria, bu à l’œil, et pour lesquels le délégué au crédit était parti en expédition.


Que de petites lâchetés et de hontes comiques !

J’ai ri aux calembours de fils de famille, plus bêtes que des oies ; j’ai fait la bouche en cul de poule quand ils en contaient « une bien bonne » parce qu’ils devaient mettre cent louis dans l’affaire ; j’ai rincé le bec à des chevaliers d’industrie qui me promettaient un héritier ou un usurier… et qui se fichaient de moi.

Ah ! j’ai bien fait de naître Auverpin !

Un autre se serait lassé et aurait demandé grâce à l’ennemi. Moi, je n’ai pas cédé d’une semelle — ce sont mes semelles qui ont cédé.


Car j’ai croqué, pendant ce chômage, ce qui me restait de l’argent du Figaro ; j’ai même des dettes. Me voici arrivé au dernier billet de cent francs.

Je le ménage, en mangeant du pain et en bu-