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cerveau robuste qui fait le puritain avant d’avoir assuré sa liberté en mettant de l’or dans son jeu. Il en faut ! Et puis, a-t-il ajouté plus bas, on peut faire le bien — en cachette, par exemple… sans quoi les affamés vous mangeraient la vie !


Il paraît, en effet, qu’il est un charitable, ce cynique !

J’ai appris même que, dans le cimetière de Saint-Mandé, l’homme atteint par sa balle peut dormir consolé ; que la veuve du mort vit, depuis l’enterrement, du pain donné par la main ensanglantée du duelliste, et que le fils a pour tuteur inconnu dans la vie celui qui tua son père[1].

Shakespeariens à leur façon, ces deux journalistes du siècle : l’un traînant le ventre de Falstaff, l’autre offrant la tête d’Yorick aux méditations des Hamlets !


— Mettez-vous dans vos meubles, mon cher, ayez

  1. Jules Vallès tenait cette particularité de M. Lalou, directeur de la France, qui a continué de servir la pension allouée par M. de Girardin à la personne en question. D’un autre côté, M. Bohn, neveu de celle qui fut la véritable et dévouée compagne d’Armand Carrel, vint trouver Vallès, après la publication de l’Insurgé dans la Nouvelle Revue, pour le prier de démentir le fait. Sa tante, à ce qu’il affirmait, était dans une situation à ne recevoir aucune espèce d’aumône, n’avait jamais eu de fils, et de plus, n’avait aucun rapport avec la femme secourue par M. de Girardin — la bonne foi de celui-ci, disait-il, ayant été absolument surprise.
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