On a ordonné à Girardin d’abattre son chien. Il n’a fait ni une ni deux, et m’a dépêché son gérant, pour m’attacher la pierre au cou et me jeter à la rivière.
Il eût pu attendre, cependant.
Car un soldat s’est chargé de me descendre pour tout de bon — un soldat à panache et à trois galons d’or, qui a déjà repassé sa flamberge, à ce que l’on raconte, et qui veut venger son général.
Ce général, Yusof, un barbare, vient de rendre ce qu’il avait d’âme. J’ai hurlé à la mort, près de son cadavre, au nom des innocents qu’il avait fait assassiner.
Son état-major a délégué le plus fort au sabre, pour me clouer saignant sur le cercueil.
C’est ce qu’on dit du moins ; c’est ce que vient de m’apprendre Vermorel.
— On vous provoquera demain, ce soir peut-être…
— C’est bien. Restez là et écoutez-moi. Si, au nom de ce colonel, les culottes rouges viennent me demander réparation, réparation ils auront et je leur ferai bonne mesure. Vous savez mon duel avec Poupart ? Il était entendu que l’on tirerait jusqu’à ce que le plomb manquât, et canon contre poitrine, à volonté ! Or, Poupart était mon camarade, et ces soudards sont mes ennemis ; nous devons donc aller plus loin avec ceux-ci. Il n’y aura qu’une