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pendant les jours obscurs, pour devenir un chroniquailleur d’atelier ou de boudoir, un guillocheur de mots, un écouteur aux portes, un fileur d’actualités !


— Si vous vouliez pourtant, avec votre coup de pinceau ! dit Villemessant, qui tiendrait à me garder.

Oui, parbleu ! J’ai des adjectifs pour la rue Bréda aussi bien que pour le faubourg Antoine. Je m’entendrais tout autant à écraser des vessies de couleur sur ma palette qu’à bitumer mes toiles ou à buriner mes eaux-fortes.

Si je voulais… Oui, mais voilà, je ne veux pas ! Nous nous sommes trompés tous les deux. Vous voulez un égayeur, je suis un révolté. Révolté, je reste, et je reprends mon rang dans le bataillon des pauvres.


Car me voilà pauvre de nouveau, — encore, toujours !

On avait bien fait des traités, convenu que, dans le cas de séparation, je serais payé quand même. Et pourtant il a fallu lutter, car il s’agissait non seulement de la sécurité que donne l’argent en poche, mais d’une défaite à éviter. Ça a fini en marmelade : une combinaison, quelques billets de mille, l’offre d’un roman…

Je l’ai essayé, ce roman ! Mais, décidément, je ne suis pas assez loin de ma jeunesse empestée et meurtrie, et ces pages-là, on les trouverait, certes, bien plus que mes articles, pleines de rages sourdes et hérissées de fureur !