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qu’aussi il gèle dans cette chambre, et qu’il est long à faire flamber, mon tas de houille ! Je grelotte, en brûlant des allumettes, et si j’ai le courage de m’asseoir devant ma table, sans feu dans la cheminée, peu à peu le frisson vient et la pensée s’en va.

J’ai longtemps réfléchi. Je suis allé à Sainte-Geneviève chercher, dans les livres, des procédés d’allumage qui puissent me sauver des longues stations en chemise, devant le foyer plein de fumée et non de flammes, avec la fraîcheur du matin sur mes jambes nues.

Mais j’ai échoué, et le vent est au nord. Je ne fais rien depuis huit jours — que prendre des notes au crayon, en sortant à peine mes bras du lit.


J’ai essayé d’aller écrire à la Bibliothèque. Mais, si j’ai trop froid ici, là-bas j’ai trop chaud. Mes idées s’amollissent et se décolorent, comme la viande rouge au fond de la marmite, dans cette atmosphère d’une moiteur pesante, et je roupille sur mon papier blanc. Un invalide vient me réveiller insolemment.

N’arriverai-je donc pas à attaquer mon livre avant le printemps ?


Eh bien, si ! Je ferais plutôt faillite ! Je sors de la maison Dulamon et Cie, à laquelle j’ai été présenté par un ancien collègue de mon père, qui vend du latin aux enfants.