Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/40

Cette page a été validée par deux contributeurs.

congé, car j’aurais dû débourser pour rien une quinzaine. Or, j’ai réglé ma vie — le livre de comptes est là, près du livre de souvenirs — mon budget est inexorable. Je n’ai qu’à courber la tête sur le papier et à me bourrer les oreilles de coton, pour rester sourd aux hoquets de douleur de la voisine et aux ronrons de tendresse des tourterelles.


L’une d’elles va souvent, sur la fenêtre du cabinet, chercher un peu de pain qu’y émiettent les mains de la pauvresse, des mains qui sentent encore la sueur d’amour des infirmiers.

Au collège, la colombe était l’oiseau des voluptés et se rengorgeait sur l’épaule des déesses et des poètes. Ici, elle fait la belle et s’aiguise le bec contre les vitres d’une pierreuse. Gemuere palumbæ.


Je me lève à six heures, j’enveloppe mes pieds dans un restant de paletot, parce que le carreau est froid, et je travaille jusqu’au moment où il faut se diriger vers la mairie.

Je reviens à la besogne de cinq à huit heures seulement, pas plus tard. Le soir me fait peur, dans ce taudis de la rue Saint-Jacques, tout près de l’ancien Carrefour de la guillotine, tout contre l’Hôpital militaire, tout proche de l’Hôtel des Sourds-Muets. Les alentours manquent de gaîté, vraiment !


— Mais, en te mettant à la croisée, tu peux voir le