Et le bonhomme : quarante ans, barbe d’apôtre, aspect tranquille, s’avance vers moi et me dit :
— Oui, je suis pour la paix contre la guerre ! Ni pour eux, ni pour vous… je vous défie de me forcer à me battre !
Mais ce raisonnement-là n’est pas du goût des fédérés.
— Tu crois donc qu’on n’aimerait pas mieux faire comme toi ! Tu te figures donc que c’est pour la rigolade qu’on échange des prunes ! Allons ! prends cette tabatière et éternue, ou je te fais renifler moi-même… et ferme !
— Je suis pour la paix contre la guerre !
— Sacré nom d’animal ! Veux-tu la tabatière… ou le tabac ?
Il a renâclé devant le tabac, et a suivi l’autre en traînant son flingot comme une béquille.
Le parlementaire s’éloigne.
— M… ! gueule encore le commandant, debout sur son estrade de pavés.
Soudain les croisées se dégarnissent, la digue s’effondre.
Le canonnier blond a poussé un cri. Une balle l’a frappé au front, et a fait comme un œil noir entre ses deux yeux bleus.
— Perdus ! Sauve qui peut !