Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/341

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Si je recevais une blessure trop cruelle, promettez-moi de m’achever ?

— Oui, à condition que vous me rendrez le même service, si c’est moi qui étrenne ?

— Entendu !


C’est que la souffrance me fait une peur du diable ; par lâcheté, j’aimerais mieux la mort. Quoique, cependant, crever d’un dernier gnon donné par un copain, au coin d’un mur, ce ne soit pas précisément gai !

— Et être lardé vivant par les baïonnettes, vous trouvez que ce serait drôle ?

— Lardé !…

— Mon cher, ces lignards nous auraient déjà hachés s’ils avaient pu, quand nous prêchions la guerre à outrance. Ils nous arracheront cette fois les yeux avec le tire-bouchon de leur sabre, parce que c’est à cause de nous qu’on les a fait revenir de leurs villages.


Un combattant m’aborde.

— Citoyen, voulez-vous voir comment c’est fait, le cadavre d’un traître ?

— On a exécuté quelqu’un !

— Oui, un boulanger qui a nié d’abord, qui a avoué ensuite.


Le fédéré m’a vu blêmir.