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— Il manque quelque chose ici… fait observer un garde.

— Les pierres ne sont pas bien étayées par là !… prétend un autre.

— Est-ce que nous avons assez de cartouches ?… demande un troisième.


Voilà que de divers côtés des plaintes s’élèvent ! Un murmure monte.

Ce ne sont pas les fantassins qui font feu. Ce sont les fédérés qui tirent sur nous avec des paroles de reproche et de colère.

— Nous sommes las ! Il y a des semaines que nous traînons ici… Nous voulons revoir nos femmes !… Pas une précaution n’est prise…

À l’envi, on montre le bâillement de la barricade, le trou fait par le manque de sacs — sacré trou, placé juste assez haut pour que la lumière naissante passe à travers, éclairant le vide d’une blancheur crue ! Par ce trou-là va s’évader tout le courage du bataillon !


Est-ce le courage qui manque ?…

Eh ! non ! c’est l’amour du foyer qui les reprend aux entrailles ! On veut embrasser l’enfant, caresser la bourgeoise, avant de plonger dans l’inconnu de la suprême bataille, sur le pavé de ce Paris où l’on préfère mourir, si c’est la fin.

Ce ne sont pas des gens de caserne, des coucheurs