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Les hommes se massent autour de nous.

— Dis-leur un mot ! me souffle Lisbonne qui défripe sa tunique et achève de boucler son ceinturon.

J’ai prononcé un bout de discours et j’ai été prendre place à l’angle de la barricade, en élargissant ma ceinture sur mon paletot. Langevin en fait autant.


Lisbonne, lui, est monté sur les pavés… on peut le viser en plein du fond de la rue.

À son tour, il parle en révolutionnaire, et termine par un geste d’orateur romain rejetant sur l’épaule le pan du peplum. Seulement, sa vareuse est bien courte, et il a beau tirer, ça ne se retrousse pas plus haut que le nombril.

Langevin s’étonne de me voir sourire. En effet, il a passé un éclair de gaieté sur mes lèvres en retrouvant l’acteur dans le héros, et je n’ai vu que cela pendant un moment, dans le paysage de combat qu’éclaire la pâleur de l’aube.


Drapage à part, il a été simple, franc et crâne, le colonel Lisbonne !

Il a grimpé encore d’un cran, a élevé son chapeau tyrolien, et se tournant du côté des Versaillais, a crié : « Vive la Commune ! »


À la besogne, maintenant !