Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.

II

Me voilà de nouveau sur le pavé de Paris, n’ayant que quarante francs en poche, et brouillé avec toutes les universités de France et de Navarre.

De quel côté me tourner ?

Je ne suis plus le même homme : huit mois de province m’ont transformé.


J’avais vécu, pendant dix ans, tel que l’ivrogne qui a peur de l’affaissement, au lendemain de l’ivresse, et qui reprend du poil de la bête, saute sur le vin blanc dès son lever, et garde toujours une bouteille à portée de sa main qui tremble. Je me soûlais avec ma salive.

Et j’en étais le plus souvent pour mes frais de courage !

Ceux-là mêmes à qui je faisais l’aumône d’une gaieté qui cachait ma peine ou distrayait la leur, ceux-là, plutôt que de comprendre et de remercier,