Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/296

Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’est là qu’on est allés, au lendemain du 4 septembre, voir Laurier, à propos de je ne sais qui, arrêté par la nouvelle République pour je ne sais quoi.


C’est un maître de lavoir qui a la « signature » à l’Intérieur ; Grêlier, un brave garçon que j’ai connu sur les hauteurs de Belleville et qui s’improvisa mon adjoint, dans la nuit du 31 octobre, à la mairie de La Villette.

Il signe des ordres pavés de barbarismes, mais pavés aussi d’intentions révolutionnaires, et il a organisé, depuis qu’il est là, une insurrection terrible contre la grammaire.


Son style, ses redoublements de consonnes, son mépris des participes et de leur concubinage, ses coups de plume dans la queue des pluriels lui ont valu un régiment et une pièce de canon.

Tous les employés qui n’ont pas filé sur Versailles, depuis le chef de bureau en redingote râpée jusqu’au garçon en livrée cossue, ont peur de cet homme qui fusille ainsi l’orthographe, qui colle Noël et Chapsal au mur. Il a peut-être — qui sait ! — le même mépris de la vie humaine !


Il m’embrasse quand j’arrive.

— Heureusement, mon vieux, que Vaillant va venir, me dit-il, j’en ai mon sac ! Que c’est embêtant d’être ministre !… Tu ne l’es nulle part ?