Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et je me suis attablé.


Mais non ! je n’ai point écrit.

Le sang bouillonnait trop fort dans mes veines ; la pensée brûlait les mots dans ma cervelle ; mes phrases me paraissaient ou trop déclamatoires ou indignes, dans leur simplicité, du grand drame sur lequel vient de se lever le rideau, qui a, comme un rideau de théâtre, deux trous — faits par les deux balles qui, paraît-il, ont frappé en plein front chacun des exécutés.


Quand mes artères ont été plus froides, quand, la croisée ouverte, je me suis accoudé et ai plongé mon regard dans la cité, son sommeil et son calme m’ont fait peur !

La Ville ne serait-elle pas d’accord avec la Révolte ? La fusillade des généraux aurait-elle, en traversant les cibles humaines, atteint au cœur le Paris qui n’est pas sur la brèche ? L’insurrection serait-elle seulement l’œuvre de quelques chefs et de quelques bataillons audacieux ?

Pourquoi n’y a-t-il pas un tressaillement, un bruit de pas, un froissement d’armes ?

Si je descendais et retournais du côté des rebelles, vers le troupeau noir de Duval, vers la barricade grise de Ranvier ?…


Allons ! j’ai encore, moi, le défenseur des humbles,