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avec du renfort… Ranvier est, en effet, à côté, ainsi qu’on vous l’a dit. On assure que Duval est descendu avec les gens du Ve et du XIIIe sur la Préfecture : si ce n’est pas vrai, on doit lui intimer l’ordre de se mettre en marche… Par exemple, il faut que la rue du Temple soit gardée sur le pied de guerre toute la nuit. J’ai été soldat, et je suis pour la discipline des émeutes contre celle des casernes… Allez donc trouver Ranvier, vous qui êtes son meilleur ami, et transmettez-lui, en camarade, ces observations. Moi, je ne puis guère, j’aurais l’air de vouloir jouer au commandant.

— Entendu !


Il est là, le pâle, faisant construire une barricade.

— Eh bien, ça y est ! Regarde.

Une ligne noire de baïonnettes, toute une file d’hommes muets ! C’est l’armée de Duval, silencieuse comme l’armée d’Annibal ou de Napoléon, après la consigne donnée de passer inaperçue le Saint-Gothard ou les Alpes.

Le peuple est sur ses gardes — la nuit est sûre.


Mais demain, au lever du soleil, il lui faudra un furieux coup de clairon.

Et j’ai été réveiller un copain.

— Le Cri du peuple va reparaître !… Allez avertir Marcel, voyez pour le papier à l’imprimerie… Vite une plume, que je fasse mon premier article !