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Heureusement, j’ai retrouvé ma respiration :

— Citoyen, qu’on ne touche pas un cheveu de cette tête vide, qu’on respecte l’écorce de ce coco sans jus !

On rit. Le coco écume !

— Vous pouvez me torturer, je vous dis que demain vous serez châtié !

— Nul ne songe à vous torturer, mais pour que vous n’embêtiez plus le monde, on va vous coller dans une armoire.

Et je l’ai fait porter dans un placard… un placard énorme où il est très à l’aise, ma foi, s’il veut rester debout, et où il peut faire très bien un somme, s’il veut s’étendre sur la planche du milieu, en chien de fusil.

La révolution suit son cours.


Une heure du matin.

Un des gardiens demande à parler au Maire en exercice, au nom du Maire sous les scellés.

— Qu’arrive-t-il ? S’est-il tué ? A-t-il été asphyxié là-dedans ?…

Non ! Le parlementaire reste muet.

— Parlez ! parlez !

Il n’ose pas, mais, se penchant à mon oreille :

— Pardon, excuse, mon officier… mais c’est qu’il se tortille depuis un bon moment… quoi, suffit !… Vous comprenez, faut-il le laisser aller, citoyen ?

— Le laisser aller dans l’armoire, oui, a dit