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l’on a nommé adjoint du coup, et qui attend également qu’on lui apprenne son métier.

— Il faut signer des bons, c’est bien simple ! dit un vieux qui paraît ahuri de mon ignorance.

— Signer des bons, je veux bien, mais des bons de quoi ?

— Des bons pour les voitures, pour les lampes, pour de l’huile, du papier, pour toutes choses généralement quelconques, pardi ! comme ça se fait toujours en révolution !


Diable ! Je croyais qu’on allait seulement me demander des cartouches, et j’aurais paraphé des deux mains. Mais pour le reste…

— Et les nouvelles à aller chercher à l’Hôtel-de-Ville, au secteur ? Il faut des fiacres. Avec votre griffe, on en réquisitionnera de force. Ils viendront se faire payer demain.


Demain ! je ne sais pas trop où nous serons, demain.

Or, je viens non seulement de signer des bons, mais de « voler la caisse » ! Car ils m’accuseront de l’avoir volée, s’ils reprennent l’offensive ! Je les connais, les procès de lendemain d’émeute, et ce n’est pas ma vie seule que je joue. Elle ne m’a pas l’air bien en danger. C’est bel et bien mon honneur qui est sur le tapis où roulent ces quelques pièces de cent