Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/23

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de liberté dans un petit café humide et sombre, et s’y abrutissent à boire de la bière, à siroter des glorias, et à caleçonner des pipes.

Je ne bois pas et ne fume point.


Le temps que j’ai à moi, je le passe auprès du poêle, dans mon étude vide, un livre à la main, ou bien dans la classe de philosophie, un cahier sur les genoux.

Le professeur est le gendre du recteur lui-même, et cela le flatte de voir ce Parisien à l’air crâne, à la barbe noire, assis comme un écolier sur un banc, et écoutant parler des propriétés de l’âme. Elles m’ont joué un tour pour le baccalauréat, il ne faut pas qu’elles me fichent encore dedans pour la licence. J’ai besoin de savoir combien l’on en compte dans le Calvados : six, sept, huit… ou moins, ou plus !

Et je suis les leçons avec assiduité, pour être bien au courant de la philosophie du département.


15 octobre.

C’est aujourd’hui l’ouverture de la Faculté des lettres ; le discours de rentrée sera prononcé par le professeur d’histoire.


Mais je l’ai déjà vu, ce professeur-là !

C’est lui qui vint au lycée Bonaparte, en qualité de normalien de troisième année, nous faire la rhétorique, au temps où j’étais rhétoricien.