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Le fossoyeur vient de s’accouder sur sa bêche, un silence profond plane sur le cimetière.

Je m’avance, et j’adresse un dernier salut à celui qui a été frappé au milieu de nous, et dont la tombe touche de si près le berceau de la République.

— Adieu, Bernard !


Des murmures… Je me sens tiré par les basques.

— Il ne s’appelle pas Bernard, mais Lambert, me disent les parents à voix basse.

Pauvres gens ! Je reste déconcerté, un peu ému, mais cette émotion même me sauve du ridicule et élargit ma parole.

— Combien plus profond doit être notre respect devant ces cercueils d’inconnus tombés sans gloire, exposés à recevoir un hommage qui ne s’adresse point à leur personnalité, restée modeste dans le courage et la peine, mais à la grande famille du peuple, dans laquelle ils ont vécu et pour laquelle ils sont morts !

Ça ne fait rien, j’ai tout de même attristé la maison Lambert !


Le club veut avoir ses délégués assis à la table des municipalités. Il nous a donné l’ordre de nous installer illico à la mairie, et cinq hommes armés — pas un de moins — pour nous prêter main-forte.

On nous a envoyés promener.

Les cinq hommes voulaient nous maintenir quand