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C’est bon, les gueulards, devant les régiments muets et hésitants. Ce sont les indisciplinés qui font plier la discipline.

Donc on se servira d’eux, quitte à les acculer, demain, dans le coin des gens à tenir en joue, lorsqu’ils auront arraché les fusils aux soldats ou leur auront fait lever la crosse en l’air.

Ah ! je sais bien ce qui nous attend !


On continue à se raccommoder avec une poignée de main, avec un coup de chapeau, dans le tohu-bohu général, sur la nouvelle d’une manifestation en germe ou d’une protestation en marche.

Le mot d’ordre est donné.

« À onze heures, rendez-vous au café Garin, côté des femmes — chut ! c’est pour dépister la police ! » On recevra communication d’une proclamation républicaine. À minuit, elle sera imprimée, et chacun en emportera des exemplaires… pour les coller.


Voilà ce que chuchotent les initiés des feuilles jacobines, et voilà aussi ce qui me fait prendre mes jambes à mon cou.

Allez vous faire lanlaire !

Je file, moi, en pleine foule ; je plonge dans le tas. Où y a-t-il du grabuge, la cohue sans nom, le courage sans chef ?