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Place Vendôme.

On vient de m’y conduire !

On m’a empoigné, à la tête d’un groupe désespéré des vraies défaites, furieux de la fausse victoire, et qui hurlait : « À bas Ollivier ! »

Reconnu et signalé, j’avais été porté en avant. C’était beaucoup d’honneur, mais quelle dégelée ! Rien n’y a manqué : coups de bottes dans les reins, coups de pommeau de sabre dans les côtes… et allez donc, l’insurgé !

Ils se sont mis à dix pour me traîner jusqu’à l’état-major de la garde nationale.


— C’est un espion ! beuglait-on sur mon passage.

Et parce que je répondais : « Imbéciles ! » quelques baïonnettes bourgeoises se disputaient la joie de me larder, quand un lieutenant, qui commandait le poste, m’a arraché à l’appétit des compagnies.

Il me connaît, il a vu ma caricature en chien, avec une casserole à la queue.

— Quoi ! c’est vous !… mais vous êtes un gaillard que je gobe, un gaillard qui me va ! On a failli vous écharper ?… Affaire ratée ! mais ils sont fichus de vous envoyer à Cayenne ! Ah ! mais oui !


Il a raison ! Du ministère de la Justice vient d’arriver l’ordre de me livrer aux agents.

Ils m’ont encadré de leurs quatre silhouettes noires