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D’ailleurs, les pantalons garance et les culottes courtes de Compiègne ne doutent pas de la marche triomphale des régiments français à travers l’Allemagne conquise.

À Berlin ! À Berlin !


J’ai failli être assassiné, au coin d’une rue, par une poignée de belliqueux devant lesquels j’avais hurlé mon horreur de la guerre. Ils m’appelaient Prussien et m’auraient probablement écharpé si je ne leur avais jeté mon nom.

Alors ils m’ont lâché… en grognant.

— Ça n’en est pas un, mais il n’en vaut guère mieux ! Ça ne croit pas à la Patrie, les frères et amis, et ils s’en fichent bien que les cabinets de l’Europe nous insultent !

Je crois que je m’en fiche, en effet.


Tous les soirs, ce sont des disputes qui finiraient par des duels, si ceux-là mêmes qui s’acharnent contre moi ne disaient pas qu’on doit garder sa peau pour l’ennemi.

Et les plus chauvins dans la querelle sont souvent des avancés, des barbes de 48, d’anciens combattants, qui me jettent à la tête l’épopée des quatorze armées, de la garnison de Mayence, des volontaires de Sambre-et-Meuse et de la 32e demi-brigade ! Ils me lapident avec les sabots du bataillon de la