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liées au tronc d’une même idée, avec des braises de colère luisant au fond des orbites.

Les langues ne sifflent pas ; le chiffon rouge ne remue guère. On n’a rien à se dire, car on sait ce qu’on veut.

Les cœurs sont gonflés d’un espoir de lutte — les poches sont gonflées aussi.


Si l’on fouillait cette cohue, on trouverait sur elle tout l’attirail des établis, toute la ferraille des cuisines : le couteau, le foret, le tranchet, la lime, coiffés d’un bouchon, mais prêts à sortir du liège pour piquer la chair des mouchards. Que l’on en découvre un… on le saigne !

Et gare aux sergots ! S’ils dégaînent, on ébrèchera les outils de travail contre les outils de tuerie !

Les oisifs aussi ont leur affaire ; des crosses de pistolets riches suent sous des mains fiévreuses et gantées.

Parfois, un de ces museaux affilés en dague, la gueule d’un de ces revolvers sort d’un paletot ou d’une redingote mal fermée. Mais personne n’y prend garde. Au contraire, on indique, avec un sourire orgueilleux, que soi aussi l’on est en mesure, et en goût, de répondre à la police — même à la troupe.


Muette la police ! invisible la troupe !

C’est bien là ce qui me fait réfléchir ! Qui sait si,