Page:Vallès - L’Insurgé.djvu/167

Cette page a été validée par deux contributeurs.

mis au premier rang, jeunes gens à l’air réfléchi.

Rigault est le seul évaporé de la bande, et encore aurait-il la mine sérieuse s’il ne hérissait pas exprès son poil, s’il n’avait pas éraillé et hiroutisé sa voix, et adopté, pour traduire son opinion sur le clergé, l’aristocratie, la magistrature, l’armée, la Sorbonne, le geste du toutou qui, la patte en l’air, déshonore les monuments.

Breuillé, Granger, Dacosta, eux, ressemblent à des professeurs de sciences dont les yeux se sont brûlés sur les livres.


Les traditionnels de la colonne se demandent pourquoi ces binoclards « s’érigent en chefs ? »

Ils ne rappellent ni Saint-Just, ni Desmoulins, ni les Montagnards, ni les Girondins ! Avec cela, on les entend qui traitent de sots et de traîtres les députassiers de la Gauche !

De qui relèvent-ils ?… Ce sont les hommes de Blanqui.


De tous côtés, par petits groupes, ou en bataillon comme nous, Paris monte vers Neuilly. On marche au pas dès qu’on est cent, on se donne le bras dès qu’on est quatre.

Ce sont des morceaux d’armée qui se cherchent, des lambeaux de République qui se sont recollés dans le sang du mort. C’est la bête que Prudhomme appelle l’hydre de l’anarchie qui sort ses mille têtes,