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garçons des Écoles ; voilà pourquoi il les a mis à l’arrière-garde. Ils piqueront le centre aux reins pour le faire avancer ; ils le larderont s’il essaie de fuir.


Il me conte cela en prisant, prisant toujours, le menton souillé, le gilet sali, les narines grillées, mais avec quelque chose de fier dans le front et le regard.

Il fait grincer sa tabatière, à la Robert-Macaire, il me fait aussi — le mâtin — songer à Napoléon, pinçant son tabac dans son gousset, tout en dictant le plan de bataille.

Il n’y a pas à barguigner, il a du chien !


Quand il dit à son revolver en le caressant, comme on tapote la joue d’un môme : « Do, do, l’enfant do ! » pour ajouter ensuite, en le menaçant gaiement du doigt : « Faudra voir à te réveiller, moucheron ! et à péter sur les cipaux », cela rassure le centre, qui ne croit pas qu’on blague ainsi quand on doit y aller pour tout de bon.

Et cela ne déplaît point aux résolus qui sentent que ce gavroche à lunettes et à barbe crachera des balles aussi bien que des ordures au nez des soldats, et qu’il leur offrira sa poitrine comme il leur montrerait son derrière — héroïque ou ignoble suivant que la situation sera tragique ou bouffonne.


En route.

— En avant !

Ce sont cinq ou six porte-lorgnons qui se sont