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Sous l’Odéon.

C’est Rigault qui commande la manœuvre ; comme un sergent qui gourmande des recrues, comme un chien de berger qui harcèle un troupeau, il aligne les uns et aboie après les autres.

— Quatre par quatre, en serre-file. À votre rang, nom de Dieu !…

Des mots graves :

— Ceux qui ont des pistolets, en tête !

Des mots drôles :

— Les taffeurs au centre !


À la queue ceux qui n’ont que des bistouris, des compas, des eustaches à virole qui, d’ailleurs, feraient d’épouvantables blessures — tronçons d’acier ou de fer cachés sous des vestes d’ouvriers… car il y a des ouvriers plein cette colonne du quartier Latin.

Ils ont été voisins et sont devenus camarades des étudiants dans le complot de la Renaissance ou autre conspiration avortée et poursuivie. Ils ont fait partie des comités socialistes avec les partisans des candidatures Rochefort et Cantagrel, on a bu des glorias ensemble, les jours d’élection, on a mangé, au même moment, la boule de son de Mazas.

Rigault est plus sûr de ces gars d’atelier que des