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— Ce n’est pas un fournisseur qui a été tué… C’est un de chez vous…

— Un du journal ?

— Oui, tué raide ! Allons ensemble rue d’Aboukir.

— Dis donc, Vingtras, c’est malheureux pour le copain, mais, nom de Dieu ! comme c’est bon pour la Sociale !


Ce sera bon. C’est bien un copain qui a étrenné. C’est Victor Noir.

— Oui, il paraît que l’autre gredin lui a flanqué une balle dans la poitrine ; mais on dit qu’il n’est pas mort.

— Pas mort !… Qui est-ce qui m’accompagne ?

— Où donc ?

— Chez le Bonaparte !… À Auteuil, à Passy, je ne sais trop… enfin, où est allé Noir ce matin… Habeneck, donnez-nous cent francs.


— Ce n’est pas seulement des sous qu’il faut, mais des armes ! crient Humbert et Maroteau.

Habeneck, le secrétaire de rédaction, n’est que médiocrement rassuré.

— Tenez ? voilà cinquante francs. Prenez un fiacre, courez là-bas… mais pourquoi des armes ? C’est bien assez d’une victime. Vous pouvez tout perdre, compromettre la situation… Laissez l’assassinat sur les bras de l’assassin !

— Faut-il aussi lui laisser l’assassiné ?