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XIV

Briosne : un Christ qui louche — avec le chapeau de Barrabas ! Mais point résigné, s’arrachant la lance du flanc, et se déchirant les mains à casser les épines qui restent sur son front d’ancien supplicié de ces calvaires qu’on nomme les Centrales.

Condamné pour société secrète à cinq ans, renvoyé quelques mois plus tôt parce qu’il crachait le sang, rentré sans le sou dans Paris, n’ayant pu cicatriser ses poumons — mais ayant l’âme de la Révolution chevillée dans le corps !


Voix pénétrante, sortant d’un cœur meurtri comme d’un violoncelle fêlé ; geste tragique : le bras tendu comme pour un serment ; secoué parfois, de la tête aux pieds, d’un frisson de pythonisse antique ; et de ses yeux, qui ont l’air de trous faits au couteau, crevant le plafond fumeux des salles de club, comme un prédicateur chrétien crève, d’un regard ex-