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sous ses lunettes, la bouche crispée, la main fiévreuse, réclame cette distinction comme un honneur dû à son passé, à son âge, et promet, en mâchant les mots comme les Aïssaouas mâchent le verre, d’être le Fouquier-Tinville de la soirée.


On décide que c’est son nom que l’on jettera à la foule. Le mot d’ordre est donné aux chefs de bancs, et il n’y a que Casse qui se plaigne et grogne, et qui mordrait les mollets de Millière, s’il osait ! Mais un forgeron qui l’entend lui rebrousse le poil ; il redevient couchant et va se pelotonner dans un coin, la gueule méchante, mais la queue basse.


Les voilà !

Ferry, Simon, Bancel, Pelletan.

Un murmure. Ils doivent deviner, du coup, qu’ils sont en plein camp ennemi. On se dérange à peine pour leur livrer passage.

Comme ils sont loin des clairons et des officiers qui font fanfare et cortège devant le président de la Chambre, loin des huissiers en habit noir et à chaîne d’argent !

Ici, il n’y a que des mal-vêtus. Dans le tas, les députés de Paris peuvent reconnaître les socialistes qui déjà ont entamé leur procès dans les réunions publiques, et qui ruminent, pâles et résolus, les réquisitoires qu’ils vont prononcer au nom du peuple souverain !