mite qui fume et sent bon parmi les odeurs de corroyage de la Bièvre.
Et il dit à la bourgeoise :
— Pas besoin de faire des économies, ma vieille, pourvu que l’on ait la pâtée de chaque jour…
Puis, se tournant vers moi :
— La vie est dure, c’est vrai ; mais ça nous console, nous, les ouvriers, de voir que des instruits comme vous passent du côté des prolétaires. Ah ! par exemple, vous me le promettez bien : si jamais il faut voir à retrouver le fusil que j’ai enterré, le soir du 24 juin, derrière les Gobelins, vous viendrez à la soupe de la barricade tout comme à celle-ci, n’est-ce pas ?
Et la bourgeoise de répondre, avec un sourire grave :
— Oui, père, j’en suis certaine, monsieur sera avec les malheureux.
Moi, j’ai désigné un bout de flanelle rouge qui tirait la langue par la gueule d’un sac :
— Nous mettrons cela au bout d’une baïonnette.
— Ah ! jeune homme ! ce n’est pas la Marianne qui est tout, c’est la Sociale ! Quand nous l’aurons, on fera de la charpie avec les bannières !
La Sociale, la Marianne — deux ennemies !
Ils m’ont conté, ces vieux de Juin 48, que, dans les prisons où vinrent les rejoindre ceux du 13 juin