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Au Petit Tombeau.

J’habite le Petit Tombeau.

C’est, au haut de la prison, une chambre étroite et triste ; mais, en grimpant sur la table, on arrive jusqu’à la fenêtre, et, de cette fenêtre, on voit la cime des arbres et une grande bande du ciel.

Je passe des heures entières la tête contre les barreaux, à humer la fraîcheur du vent ou à recevoir, sur le front, ma part de soleil.


Cette solitude ne m’effraie pas. Souvent même, je plante là 89 et 93 pour me trouver simplement en face de moi, et pour suivre ma pensée, blottie dans un coin de la cellule ou baignant, dans l’air libre, au-delà de la croisée grillée.

Cette captivité n’est point pour moi la servitude : c’est la liberté.

En cette atmosphère de calme et d’isolement, je m’appartiens tout entier.


Le club.

Ce calme-là a été tout troublé, parce que des vides se sont produits ; j’ai été appelé à la chambre d’honneur, qui a été envahie, et que j’ai laissé envahir de bon cœur. Mon logis est devenu le salon, la salle à manger, la salle d’armes, et le club de la prison.

On en fait un tapage là-dedans !

Mais le preu, pour le boucan, est, hors de marque,