Page:Valdour - La méthode concrète en science sociale.djvu/89

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
84
la méthode concrète

contact avec le réel et irréformables, il est clair qu’il convient de ne pas aborder l’étude concrète des faits sociaux, ni aucune étude, quelle qu’elle soit, avec de telles « idées préconçues ». Mais cet état d’esprit est précisément le fait des gens peu cultivés ou sans culture, ou des gens cultivés mais de culture étroite. Quiconque a été soumis à une discipline intellectuelle moyennement riche et variée connaît, pour l’avoir pratiquée, cette règle élémentaire de la critique qui consiste à tenir toujours sa pensée en éveil pour se critiquer soi-même.

Si, par idée préconçue, on a voulu dire que, pour aborder l’étude d’un problème avec fruit, il importe de n’avoir aucune idée susceptible d’en influencer la solution, nous devrons comprendre que, pour mon contradicteur, il conviendrait de n’avoir pas d’idée du tout ; l’ignorance complète serait la condition préalable nécessaire à toute recherche. Dans une intelligence vide (si toutefois ce n’est pas l’absence d’intelligence), il est clair qu’il n’y a rien de « préconçu » ; toute idée, acquise antérieurement à une étude nouvelle, est une idée préconçue ; l’absence d’idée préconçue serait l’absence de toute idée, mais sans doute aussi l’incapacité d’en concevoir.