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tain nombre de règles du savoir-vivre, par exemple, ne pas parler trop haut, trop grossièrement, trop inconsidérément, ne pas être irrévérencieuxà l’égard des anciens, être discret, serviable, de bonne humeur ; j’ai ajouté que l’estime enlaquelle onétaittenudépendait delafidélitéà la bonne tenue, au bon langage et à l’honnêteté. Tout cela indique chez la généralité des ouvriers une tendance vers le bien et un désir du mieux qui ne demanderaient qu’à recevoir le renforcement nécessaire d’une discipline éducatrice. Mais il reste entendu que, de nos jours, seules, les forces mauvaises sont cultivées, encouragées, primées, exaltées.

On verra aussi, dans mon étude sur L’Ouvrier agricole, comment je me suis fait rappeler aux usages par un vieux moissonneur. Soupant avec lui, le fermier et les garçons de ferme, au soir d’une journée de travail épuisante, j’avais cru, éreinté comme je l’étais, pouvoir mettre, pour me délasser, mes coudes sur la table. Je reçus de ce vieux bonhomme de moissonneur deux forts coups de manche de couteau sur le bras, soulignés d’un énergique coup d’œil. Il n’était pas du « monde, » soit ! mais il savait se tenir à table et, après avoir travaillé aux champs, observer les convenances. On a vu aussi, dans la lettre de l’ouvrier mécanicien, combien il