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la méthode concrète

gnent d’introduire chez eux, soit un concurrent qui vient étudier l’organisation et le fonctionnement de l’entreprise, soit un agitateur qui vient jeter le trouble dans le personnel. Cette double suspicion est d’autant plus agissante que la méthode est neuve et que chacun craint, d’instinct, l’inconnu. La démarche loyale de l’observateur, qui vient trouver le chef de la maison et lui expose le but désintéressé qu’il poursuit, devrait faire tomber de tels soupçons : il arrive qu’elle les accroît ; le patron redoute d’avoir affaire à quelqu’un de très malin qui a imaginé ce détour pour endormir sa prudence. J’ai rencontré cependant en France des esprits beaucoup plus sensés : tous les patrons dont j’ai sollicité le concours ont aussitôt compris l’intérêt de mes recherches et me les ont facilitées avec une extrême courtoisie. Seul, un directeur de grande Compagnie, solennel et correct, crut devoir prendre un ton important pour m’opposer cette raison ridicule qu’il se voyait obligé de soumettre ma demande à son conseil d’administration : c’est le seul imbécile que j’ai rencontré. En Espagne au contraire, où près d’un siècle de libéralisme a mis les esprits bassement à la remorque des pires idées étrangères, les patrons ou ingénieurs libéraux n’ont pas même pu comprendre la