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la méthode concrète

rance et sur un ton d’autorité bruyante qui ne souffrait pas la contradiction. En Espagne, le soupçon ne m’a jamais effleuré ; une fois seulement, et sans qu’il conçût pour cela des doutes sur mon compte, un contre-maître, qui avait travaillé longtemps dans le Nord de la France, me dit : « Je n’y ai jamais rencontré d’ouvriers comme vous ; leur langage était grossier et incorrect, et ils étaient tous ivrognes. » Il n’est pas malaisé, dans ces diverses circonstances, de se tirer d’affaire ; la méfiance disparaît aussi facilement qu’elle s’éveille. À ce contre-maître je répondis : « Cela peut être particulier aux ouvriers de la province que vous connaissez je suis de Paris où l’on a plus d’usages » ; comme j’avais répondu au teinturier roannais : « Vous savez que je viens de Paris à Paris, l’ouvrier lit beaucoup. ».

L’observateur se heurte à deux autres difficultés l’ignorance du métier et l’habituelle nécessité du consentement patronal. Pour étudier à fond l’ouvrier d’un métier déterminé, l’observateur devrait connaître lui-même le métier ; mais la difficulté réapparaîtrait pour lui lorsqu’il se proposerait d’étudier un autre métier. Certains travaux n’exigent que de la force musculaire et un peu d’entraînement : l’habitude s’acquiert, mais, la vigueur physique