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la méthode concrète

n’est que par une prise de contact avec la vie ouvrière, par un corps à corps avec sa réalité, que l’on peut espérer la pénétrer et l’analyser réellement. La vie vécue livre ses secrets. L’observateur qui, dans la mesure du possible, s’identifie avec l’observé, peut prétendre à le connaître ; s’il se borne à décrire son expérience, du moins décrit-il la réalité ; si la simple description des maux dont souffre toute une classe de la société ne les guérit pas, elle permettra de trouver le moyen de les guérir ; avant de découvrir le remède, il faut connaître le mal, et une telle description garde le mérite, de faire connaître les maux réels et non des maux imaginaires ; elle oriente vers les solutions, même quand elle ne les formule pas ; en analysant le mal, elle dit implicitement dans quelle direction sera trouvé le remède.

L’analyse ainsi comprise est particulièrement sûre puisqu’elle a pour point de départ et pour champ d’action la réalité même : elle naît du donné social et elle s’y déroule tout entière. L’observateur peut véritablement connaître l’ouvrier puisque, devant lui, l’ouvrier pense tout haut. Il acquiert, en outre, de la vie qu’il observe, une expérience personnelle qui constitue un témoignage : — je connais personnellement certaines souffrances physiques