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en science sociale

richesse : il convient d’organiser le travail de telle façon que, dans le monde, la somme des richesses produites s’accroisse ; si les statistiques accusent cet accroissement, l’économiste libéral se réjouit ; dans le cas contraire, il se lamente ; son état d’âme est sous la dépendance de l’unique point de vue auquel s’est placé son esprit. Une machine nouvelle doit-elle augmenter le rendement ? Qu’on se hâte de la mettre en usage, quelle que soit la diminution de main-d’œuvre qu’elle entraîne, quelque trouble qu’elle jette dans le monde des ouvriers en y semant, avec le chômage, la faim ; si les ouvriers exaspérés se laissent aller à quelque acte de violence, l’État fait intervenir la force armée pour assurer la sécurité des machines. Ce régime de la richesse est aussi le régime de la misère, et ce régime de liberté, un régime d’esclavage. Loin que la machine soit soumise au travailleur, c’est le travailleur qui est soumis à la machine. Qu’il en soit le serviteur direct ou qu’il supplée au travail que les machines ne peuvent exécuter, dans les deux cas il devra fournir un travail intensif[1] : le patron, uniquement soucieux du plus grand rendement et d’ailleurs astreint à ce souci par

  1. Ce que l’on a appelé le système Taylor, du nom de son inventeur américain.