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en science sociale

que repose la critique des tendances intellectualistes et mécanistes, soit de l’économie bourgeoise, soit des écoles socialistes parlementaire, réformiste, juridique, etc…[1] »

Ces doctrines syndicalistes accordent en effet un rôle prépondérant, dans l’évolution sociale, à la vie ouvrière, à l’instinct de la classe ouvrière, et concluent à la supériorité de la spontanéité intérieure sur la conscience réfléchie. Telle n’est pas la caractéristique de l’élaboration doctrinale que la méthode concrète permet de réaliser. Cette méthode accorde en effet une importance capitale à la vie ouvrière dans sa réalité actuelle et dans son dynamisme évolutif, à la sensibilité ouvrière et aux aspirations obscures, aux instincts que développe l’activité même de cette vie ; mais ni elle n’exclut l’intelligence ouvrière et l’action de cette intelligence, ni elle ne l’oppose au sens profond mais mal défini de la vie ; au contraire, elle tend à dégager de la conscience obscure la conscience claire et à éclairer la conscience par l’intelligence ; elle vise à réaliser l’union entre le sentiment de cette existence d’ouvrier et la réflexion active appliquée à ce sentiment ; l’intelligence discrimine et critique le réel tel que la sensi-

  1. Berthelot, Sur le pragmatisme de Nietzsche, dans la Revue de métaphysique et de morale, mai 1909, p. 408-409.