Page:Valdour - La méthode concrète en science sociale.djvu/35

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
la méthode concrète

M. Sorel, et d’une façon générale chez les théoriciens du syndicalisme révolutionnaire, l’empreinte ineffaçable… Nous rencontrons également chez eux des formules et des thèses romantiques. Ils opposent aux théories sociales, qui leur paraissent des jeux intellectuels de peu d’importance, la vie sociale dans sa réalité, c’est-à-dire la vie ouvrière, qui est à leurs yeux l’essentiel même de la vie sociale, et les instincts que cette vie développe avec elle par son propre déploiement. Ils opposent le point de vue de la vie ouvrière et du travail productif avec le point de vue de l’échange qui est celui de l’économie bourgeoise, comme un développement organique, qui se fait du dedans au dehors, avec une relation purement mécanique entre des termes homogènes. Ils opposent encore la vie ouvrière, l’action de classe, qui se manifeste dans les syndicats, au mécanisme impuissant de la politique parlementaire. Cette vie crée, pour se guider, des images mythiques, plus ou moins analogues aux mythes religieux et dont il n’y a pas lieu de se demander si elles sont vraies ou fausses, mais seulement quelle en est la valeur pratique. C’est sur ces notions romantiques de vie, de développement organique, d’instinct, de mythes,