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en science sociale

l’homme réel ; et c’est par l’accumulation des cas réels qu’il est possible de passer des réalités particulières à des réalités générales. Une telle méthode s’impose partout où l’homme, dans l’activité même de sa vie individuelle et sociale, constitue l’objet propre de l’investigation scientifique.

Quoi qu’en pense M. Lanson, la véritable différence entre une œuvre de science positive et une œuvre d’art littéraire ne tient pas à ce que l’art s’attache au « concret », au « sensible », à « la vie enfin… dans la multiplicité » — parfaitement saisissable d’ailleurs — « de ses formes », tandis que, tout cela, la science le rejette. Cette différence substantielle réside en ce que la science d’observation soumet l’esprit du savant à l’objet qu’il observe, tandis que l’art en affranchit l’artiste : l’artiste imagine et crée, le savant s’incline ; l’artiste imagine et crée en dehors des faits réels et parfois contre eux, même quand il les prend pour point de départ ; le savant s’incline devant les faits qu’il constate. Lanson, du reste, le reconnaît : « L’expérience de Claude Bernard tire sa valeur de ce qu’il la fait réellement, et elle dément parfois son hypothèse. Celle de M. Zola se passe dans son esprit et soyez sûr qu’elle ne contredit, jamais l’hypothèse. Faute d’avoir