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la méthode concrète

à une chose morte, par l’enquêteur, au lieu d’être saisi au moment même où il apparaît et dans ses relations intimes avec les antécédents et concomitants qui le font apparaître ; il est assurément observé dans la série à laquelle il appartient, mais non dans la série vivante ; il est abstrait, non pas de la réalité, mais de la réalité vivante.

Il est clair que, quel que soit le mode d’observation, dès lors qu’un fait est observé, il est, par cela même qu’observé, isolé, et donc abstrait. L’aperception d’un fait, c’est-à-dire sa perception réfléchie, même la simple perception, est déformatrice de ce fait dans une certaine mesure puisqu’elle l’intègre à la sensibilité unifiante du sujet percevant ; elle est déformatrice du réel dans la mesure où elle en est formatrice. Observer, c’est déjà d’une certaine façon abstraire.

Mais le minimum d’abstraction se rencontre au moment précis où la réalité, se produisant, est perçue, et, aussitôt que perçue, est retenue par l’observateur. L’observation la plus concrète possible est celle qui accompagne la production du phénomène lui-même. Lorsque l’observation du phénomène est liée à sa genèse, l’observateur saisit tout ce qui peut être saisi de la réalité. Dans la méthode des en-