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en science sociale

ses explosions de douleur furieuse, et par l’urgente nécessité de réformer notre organisation sociale ou, plus exactement, de pourvoir d’une organisation un état social qui en est dépourvu.

Dix ans avant l’apparition de ma Vie ouvrière, j’avais inauguré mes recherches par l’étude facile des figurants de théâtre et du public du « poulailler » ; elles se sont prolongées pendant plusieurs années et m’ont pris beaucoup de temps pour ne laisser qu’un mince résidu d’observations. Les études de vie ouvrière proprement dite se placent entre 1902 et 1906 : à chacune d’elles je consacrai de deux à cinq semaines. Si elles sont en petit nombre et fort diverses, c’est que je me heurtai tout de suite aux deux principaux obstacles qui s’opposent à des recherches de cette nature : l’ignorance de tout métier et l’absence d’un introducteur complaisant. La difficulté n’est pas tant, comme on pourrait le croire — car il suffit d’un effort de volonté — de renoncer momentanément à une vie agréable ou de vaincre une instinctive répugnance pour le travail manuel, que d’être mis à même de pénétrer dans une catégorie sociale à laquelle on est complètement étranger. Il me fallait trouver un terrain d’expérience accessible à un non-professionnel et où le patron voudrait bien me permettre d’entrer. Ma