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la méthode concrète

fondes qu’elle procure ; avec une tournure poétique de l’esprit qui s’avère par des mots glissés comme à la dérobée, Mrs B. Van Vorst, dans le livre l’Ouvrière aux États-Unis, a écrit des pages, si profondément, si joliment humaines, qu’elles touchent au chef-d’œuvre. Le premier chapitre, La femme à l’usine, Pittsburg-New-York, est le plus frappant et le plus nourri. Ici l’auteur a complètement réalisé le but qu’elle s’était proposé : elle a dit tout ce qu’elle avait vu, et elle l’a dit excellemment. Pourquoi ? Parce qu’elle avait, de sa propre conscience, reçu et accepté une mission : « Mettre, a-t-elle dit, au service de l’ouvrière, tout ce que je puis avoir de ressources d’intelligence et d’activité, devenir un intermédiaire entre elle et ceux qui, mieux partagés par la fortune, voudront lui venir en aide. » Et elle fut « le porte-parole de l’ouvrière ».

Rien de comparable à ce qui se passe en France. Aux États-Unis, pour la femme, l’alcoolisme n’est pas à craindre, le syndicalisme n’achemine pas aux excès révolutionnaires ; la politique n’a aucune importance. Même, pour la plus grande partie des ouvrières, ce n’est pas le besoin qui les conduit à l’usine ; la plupart sont filles ; il est infiniment rare qu’une femme mariée travaille et toutes, ou presque, ont la