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en science sociale

La chambre de M. Valdour lui était louée 10 francs par mois, soit environ 0 fr. 35 par jour. Les deux repas reviennent à 1 fr. 50. Il reste à peu près 1 fr. 50 pour la dépense du vêtement, de la chaussure, le blanchissage, le coût des journées de chômage, les menues cotisations des sociétés de secours mutuels, sans compter le tabac, le journal, le vin offert aux camarades, le chauffage, l’éclairage, etc. La tentation est vive d’aller finir la journée au débit où il fait chaud et clair plutôt que de rester seul dans le gîte glacé. L’ouvrier s’y retrouve avec ses amis. Il parle, il joue et il boit pour arriver à la griserie dans laquelle il oublie sa misère. Les réunions ouvrières sont très gaies : on fait des calembours, on raconte des histoires, on chante, on rit sans raison en levant son verre. Le travailleur est jovial et bon garçon. Il accueille fraternellement le camarade inconnu. Il vibre, il a du cœur. Il aimerait à s’instruire, mais il n’en a pas le temps. Après dix ou onze heures de travail, le cerveau n’est plus capable de l’attention qu’il faudrait pour une lecture sérieuse.

Quelques-uns, pourtant, emploient les soirées à lire au hasard, et ces acquisitions hâtives et fragmentaires leur donnent de l’influence sur leurs camarades. Mais il faut se