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quotidien et de son jour de fête hebdomadaire. Un compagnon de M. Valdour lui dit : « Une chose chasse l’autre, l’ouvrier est comme ça… » La mémoire ne conserve que le nécessaire : lire, écrire, compter, plus ou moins bien. Les préoccupations du premier plan sont les choses du métier, les passions cultivées par les intrigues des partis politiques et par les journaux, sans oublier le vin, la femme et le tabac.

Des écrivains socialistes sont les premiers à se plaindre de l’instruction populaire telle qu’elle est comprise dans notre démocratie. Ils y voient un piège destiné à déformer l’esprit du peuple : au lieu d’apprendre aux ouvriers ce qu’ils ont besoin de savoir pour leur vie de travailleurs, « on s’efforce de développer chez eux une vive curiosité pour les choses qui se trouvent dans les livres écrits pour les bourgeois »[1]. Curiosité vague qui se change en inquiétude mal définie par les bribes de connaissances que fournissent quelques ouvrages de vulgarisation.

Ce qui prime tout pour l’ouvrier, c’est l’absence de sécurité. Il se sent la proie du hasard. Les lois de protection et les institutions de prévoyance ne sont que de pauvres expédients. S’il tombe malade, il s’endette et tous les com-

  1. Georges Sorel, Les Illusions du Progrès, p. 119.