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la méthode concrète

où ils peuvent commencer un apprentissage.

La grande industrie écrase la famille et l’individu dont elle supprime l’indépendance. Ces six cents métiers font un bruit d’enfer auquel M. Valdour eut du mal à s’habituer. Il lui parut d’abord que l’ouvrier n’y pouvait agir qu’en automate, mais, par une plus grande pratique, il reconnut que la surveillance de la machine exige une attention continuelle. Payé aux pièces, le tisserand a intérêt à tenir toujours les navettes prêtes et à guetter le moment où la canette s’épuise et doit être remplacée. Le mécanisme du métier est compliqué comme le temps perdu coûte cher, il faut découvrir le plus vite possible ce qui a cassé un fil, ce qui a produit un « manque ». L’esprit doit être prompt et inventif. De plus, si le voisin s’absente, on surveille son métier et on entretient son action, parce que l’on sait qu’il en fera autant pour vous ; le tisserand prend ainsi un sentiment très vif de l’intérêt collectif. Il est bien préparé à la vie sociale. Accoutumé au vacarme assourdissant de l’atelier, il reste maître de soi dans le tumulte des réunions publiques.

Pour continuer son enquête, M. Jacques Valdour s’est fait teinturier : dix heures de tra-