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la méthode concrète

peut arriver à bricoler, en attendant mieux. S’il a une famille, l’inquiétude du lendemain est pressante. Et le chômage est toujours menaçant en raison de l’instabilité du régime industriel : variations dans la production et insécurité de la plupart des métiers qu’une invention nouvelle peut bouleverser soudainement.

M. Jacques Valdour allait d’abord à la Bourse du Travail. On lui demandait s’il était syndiqué : il y a des secours spéciaux pour les syndiqués sans travail. Il y en a aussi pour les ouvriers de passage. M. Valdour n’étant pas syndiqué n’avait droit qu’à des bons de fourneau économique donnés par la mairie. Il obtenait du secrétaire de la Bourse du Travail une liste d’usines. Mais il y apprenait que les patrons se sont entendus pour n’embaucher des hommes que par l’intermédiaire de l’Office du Travail : c’est la réplique du patronat qui s’organise en face du salariat organisé.

Partout le travail est rare. M. Valdour se faisait inscrire inlassablement et toujours on lui répondait : « Nous n’embauchons personne ». Il y avait quelquefois cent demandes pour trois places. Si l’on prend quelqu’un, c’est d’abord parmi les gens du pays : l’ouvrier spécialisé ou l’ouvrier indigène gardent un immense avantage sur les autres. Il existe dans