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porte, de ville en ville, de bureau de placement en bureau de placement, est profondément fatigante et démoralisante ». Quoique sans travail par fiction, dit-il, il ne pouvait entendre le refus opposé à sa demande « sans éprouver comme une sensation de vide et un serrement de cœur »

Il fait des remarques intéressantes :

« Qui n’a pas de profession n’a guère de considération les ouvriers ont leurs patriciens et leurs pébléiens, leurs bourgeois et leurs déclassés : le sédentaire s’estime plus qu’il n’estime le nomade ; l’homme pourvu d’un métier a conscience qu’il occupe un niveau social supérieur à l’homme dépourvu de métier ; certains métiers l’emportent en dignité sur d’autres ; il y a, en fait, toute une hiérarchie ouvrière ».

Enfin, à Roanne, M. Valdour parvient à se faire embaucher comme apprenti tisserand ; plus tard, il sera teinturier ; puis, à Lyon, il entrera dans l’atelier d’une tréfilerie ; il nous initie à la vie que mènent ses camarades hors de l’usine ; il fréquente leurs restaurants et leurs estaminets ; il revient à tout instant sur le vice affreux qui dégrade le travailleur manuel : l’alcoolisme. « Boire, dit-il, reste comme la suprême jouissance que peut connaître l’hom-